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ADIEU KENZO (14/12/2004)

Mon Kenzo s'est éteint mercredi après-midi. Il est mort de colliques, chez les chevaux c'est mortel et très rapide. On l'a trouvé presque fou à cause de la douleur mardi après-midi, on aurait dit qu'il ne nous reconnaissait plus alors que d'habitude quand il nous voit il gallope le long du chemin pour suivre la voiture, puis quand on sort de la voiture et qu'on crie "salut Kenzo", il hennit, à chaque fois, pour nous dire bonjour. Sauf que mardi il n'a pas hennit. Il était tout en bas du pré et il ne venait pas. On est allés vers lui, il a reculé devant nous. Jusqu'à ce qu'il arrive dans le coin du pré. On a réussi à le faire monter jusqu'à son abri, donc j'ai vu qu'il ne boitait pas. J'ai essayé d'agiter des choses devant ses yeux pour voir s'il n'était pas devenu aveugle car son comportement était vraiment bizarre. Lui qui nous collait tout le temps, qui me léchait les mains et fouillait mes poches pour trouver des sucres, cette fois c'était comme si on n'existait pas. Puis on l'a enfermé au chaud dans l'abri, je l'ai nettoyé et je lui ai mis une couverture pour qu'il ne prenne pas froid. On lui a donné ses grains, il a mis un coup de pied très violent dans le seau, comme pour dire "je n'en veux pas", puis on lui a présenté du foin, il ne l'a même pas touché. Ensuite, on lui a parlé pour le calmer, mais il a commencé un manège très étrange : il faisait des ronds à l'intérieur de l'abri, sauf qu'il marchait à l'envers. Ca a duré une éternité. Là on a appelé le vétérinaire, qui est venu tout de suite tellement il a estimé la situation urgente. Il a dit que son rythme cardiaque était beaucoup trop élevé et qu'il était très inquiet. Puis il a fouillé ses intestins pour voir s'il avait des colliques et c'était bien ça. Là je me suis effondrée car je sais depuis toujours que les chevaux ne se sortent pas d'une collique. Le vétérinaire nous a dit que la seule chose à faire si on voulait encore avoir un espoir de le sauver, c'était de l'emmener aux urgences vétérinaires, situées à une heure et demie de route. On a dit oui, sinon il allait mourrir. Pendant que le vétérinaire a appelé la clinique vétérinaire pour prévenir qu'on allait arriver, Sébastien est parti chercher quelqu'un qui avait un van et une voiture puissante pour pouvoir transporter Kenzo là-bas. Pendant un quart d'heure je suis restée toute seule avec Kenzo. Je savais qu'il allait mourir. Je lui ai dit que je l'aimais et que je l'aimerai toute ma vie. Je lui ai dit que c'était le meilleur cheval du monde, le plus doux, le plus intelligent, et le plus brave, ce qui est vrai. Je lui ai dit qu'il serait toujours mon cheval et que jamais aucun autre cheval ne pourrait le remplacer. Je lui ai fait mes adieux car je savais qu'après tout irait très vite. Puis, le vétérinaire est revenu et il a fallu faire une piqure à Kenzo pour calmer sa douleur. Ensuite il a voulu sonder son estomac et j'ai dû l'aider à enfoncer un tuyau de la taille d'un tuyau d'arrosage dans un de ses naseaux, et il a enfoncé plus d'un mètre de tuyau à l'intérieur de mon Kenzo qui se débattait tant qu'il pouvait. Ensuite Sébastien est rentré, mais la personne qu'il pensait trouver n'était pas là et il a fallu chercher ailleurs un van. Le vétérinaire nous a aidé, il a appelé partout, il a vraiment été gentil. Un monsieur qu'on ne connaissait absolument pas est venu chercher Kenzo et on l'a monté dans le van. Pendant le transport, tout s'est bien passé, il avait même la tête en l'air, pas comme pendant l'après-midi où il la laissait pendre le plus bas possible, tellemnt il était fatigué. Quand on est arrivés à la clinique, il a même hennit parce-qu'il a senti la présence des autres chevaux. On aurait dit que Kenzo était redevenu lui-même, et ça nous a rassurés. Mais les gens qui se sont occupés de lui là-bas nous ont fait comprendre que c'était très grave et ils ont fait beaucoup d'analyses à Kenzo, il l'ont mis sous perfusion pour le maintenir en vie, et nous on lui tenait la tête en lui chuchotant qu'on l'aimerai toujours. Puis ils nous ont dit que les cellules de son estomac avaient commencé à se nécroser, à mourir en d'autres termes. Ils nous ont dit que même avec une chirurgie il ne s'en sortirait certainement pas, que la maladie était déjà beaucoup trop avancée (les colliques progressent en seulement quelques heures avant de tuer). Ils nous ont demandé de bien réfléchir à ce qu'on voulait faire. Ils nous ont dit que les chances pour qu'ils s'en sorte étaient infimes et qu'il fallait peut-être songer à abréger ses souffrances. Nous sommes sortis prendre l'air et réfléchir à tout ça, effondrés et terrassés par le chagrin, mais on était tous les deux d'accord sur un point : on ne voulait pas qu'il souffre. Les chevaux qui meurent de colliques ont des souffrances tellement horribles qu'ils se jettent contre les murs pour se fendre le crâne et deviennent dangereux pour l'homme. Nous avons demandé à ce qu'il soit surveillé jusqu'au lendemain matin, et qu'on aviserait définitivement ce qu'on ferait au moment où ils nous appeleraient pour nous dire s'il y avait eu une progression. Mais même eux n'y croyaient pas. On devait quand même lui laisser une dernière chance. On est restés avec lui, on lui a encore dit à quel point on l'aimait, et on lui a dit qu'il fallait qu'il soir très courageux et qu'il guérisse pour le lendemain, pour qu'on puisse le sauver. Il nous regardait avec son air triste, et il soupirait, comme pour nous dire que c'était trop dur. Après avoir inondé sa crinière et ses joues de nos larmes, nous avons quitté la clinique, nous savions que c'était très certainement la dernière fois. La dernière fois qu'on voyait sa petite tête de coquin, la dernière fois qu'on sentait son odeur, la dernière fois qu'il nous regardait avec ses yeux pleins d'amour. Le lendemain le docteur a appelé pour dire que son état ne s'améliorait pas et qu'il fallait qu'on se décide. Elle nous a demandé si nous voulions revenir le voir, mais nous n'avons pas pu. Pas comme ça. Pas en sachant qu'il allait mourir quelques instants après. Et pourtant j'aurais voulu y aller pour tenir sa tête au moment où ils allaient mettre ce poison dans son corps pour le faire mourir. Je voulais qu'il meure dans l'amour. Dans les bras de sa maîtresse, comme il l'était si souvent. Mais Sébastien n'a pas voulu, il a dit que ça nous ferait trop de mal. Mais la clinique avait besoin d'une signature. Il en avaient besoin pour avoir le droit de l'euthanasier. Alors le docteur m'a dicté ce qu'il fallait leur envoyer et je l'ai fait par mail. Il a fallu que je tape les mots les plus durs de ma vie. Ceux qui disaient que j'autorisais la clinique à euthanasier mon cheval, Kenzo, agé de 6 ans, race Haflinger. Il a fallu que j'écrive ça, que je le signe, et que je l'envoie. J'ai mis très longtemps à appuyer sur "envoyer". Je ne voyais même plus ce que je faisais à travers mes larmes. J'étais en train de signer l'arrêt de mort de mon cheval. Mais il n'y avait pas d'autre solution. C'était pour son bien. Il allait trop souffrir si on le laissait comme ça. Alors j'ai envoyé ce maudit courrier, et Kenzo est parti définitivement mercredi en début d'après-midi, par un beau jour de ciel bleu et de temps pas trop froid, le temps idéal pour une petite balade à cheval comme on aimait tant en faire. Sauf que Kenzo n'existait plus que dans mon souvenir maintenant. S'il existe un paradis des chevaux, il y est, c'est sur. Par contre, à tous les coups c'est lui qui fait la loi là haut ! Il était comme ça Kenzo. Lui aussi il voulait décider. Les haflingers vivent en moyenne 35 ans, ils font partie des races de chevaux les plus rustiques et les plus resistants. Kenzo est mort à l'âge de 6 ans. Alors qu'il était le cheval le plus heureux du monde. La vie est ainsi faite, trop injuste, trop cruelle. Il nous rendus heureux pendant un peu plus d'un an et puis s'est éteint brusquement. Et maintenant, derrière lui, il laisse une sensation de vide immense que nous n'arriverons jamais à combler. Il était tout pour nous, et nous étions tout pour lui. Jamais je ne l'oublierai, c'était mon premier cheval, le rêve de toute ma vie. Et maintenant il ne reste rien.




CAUCHEMARD (15/04/2005)

Ca doit etre un cauchemard,
Si réel, si dur, si gonflé de chagrin,
C'est sûrement un cauchemard,
Vivement la fin, vivement demain.

Mais demain est là, et le cauchemard est toujours là,
Si présent, si profond en moi,
Je brûle dans cette vie froide qui ne me comprend pas,
Ne comprend pas que je ne suis rien sans toi.

Tu es parti sans me demander mon avis,
Maintenant je souffre, il faut que je m'accroche,
C'est dur mais je poursuis ma vie,
Grâce à ton souvenir, grâce à mes proches.

Mais ce vide que tu as laissé en moi,
Tous les jours il m'étouffe, tous les jours il me noie,
Tous les jours ce cauchemard me poursuit et me hante,
Car c'était sur ton dos que je me sentais vivante.